Coup de cœur Avril

“KA-IN” de Raphaëlle Boitel et le Groupe Acrobatique de Tanger

Première à Elbeuf, Festival SPRING 5 mars 2025

« La rencontre entre ces deux univers était inévitable ! Et, voici KA-IN : la virtuosité et la culture militante des artistes marocain·es mêlées à la poésie en clair-obscur de la metteuse en scène et chorégraphe bordelaise. Au plateau, les treize acrobates s’affranchissent de la gravité et enchaînent les figures dans un ballet fougueux où se croisent les références à la culture berbère et les appels à l’émancipation ! Iels inventent ensemble un langage des corps pour célébrer la liberté, teintée du bleu de Chefchaouen. »

Le carre-colonnes, Scène nationale Saint Médard en Jalles

Le teaser officiel du spectacle est en ligne à

https://groupeacrobatiquedetanger.fr/spectacles/ka-in

Beaucoup de scolaires assisteront à cette pièce qui entame une tournée très étoffée en France et à l’international. Elle représente une entrée enthousiasmante et accessible dans le monde du cirque contemporain.

Depuis sa création le Groupe Acrobatique de Tanger est une troupe d’acrobates traditionnels marocains. Par le biais de son assistante à la mise en scène, Sanae El Kamouni, le GAT propose à des artistes reconnus de les mettre en piste. D’abord Aurélien Bory à l’origine du compagnonnage et ensuite Zimmerman et De Perrot, Maroussia Diaz Verbeke et tout dernièrement Raphaëlle Boitel.

Ce spectacle sur-vitaminé fait surgir des images fortes qui sentent bon l’ambiance des médinas et des souks. Mais cette fois-ci le panorama s’ouvre aux cultures urbaines puisque de nouveaux interprètes apportent plusieurs styles de danses, de jeu théâtrale et de chants. Les acrobaties d’inspiration soufiste proposent des déplacements rapides, des franchissements et sauts et aussi des portés, tout le savoir-faire d’un bon espion furtif.

La mise en piste de ces déplacements est parfaitement orchestrée et rythmée autour de traversées de scène à peine saisissables par l’œil. Les plus jeunes spectateurs pourront percevoir la complémentarité entre acrobatie, danse, jeu d’acteur. Les Procédés de composition peuvent paraître simples mais ils provoquent des effets éloquents. On parle ici d’une jeunesse magrébine dynamique, moderne et qui tout en restant ancrés dans ses traditions prétend découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles manières de s’adapter à la mondialisation.

Le propos n’est pas illustratif mais il reste lisible à plusieurs niveaux. Sans doute l’exercice de commande limite-t-il une osmose totale entre les interprètes et la metteuse en scène. La création se fait en temps limité (3 mois) et l’écriture aussi réfléchie qu’elle soit a du mal à dépasser le recours au patchwork, le collage. Mais un patchwork enthousiasmant, avec un exotisme assumé et nuancé non pas cousu de fil blanc mais de fils multicolores. Ce projet est une rencontre, vous allez rencontrer l’énergie d’acrobates associés à la profondeur d’une metteuse en scène experte en dissection.

Il faut remarquer, comme dans l’ensemble de l’œuvre de la compagnie L’oubliée, une création lumière et scénographique de premier plan. Tristan Baudoin, proche collaborateur de Raphaëlle Boitel propose encore un traitement lumière innovant à tel point qu’il devient un protagoniste à part entière, et peut-être même un premier rôle dans cette pièce.

Raphaëlle Boitel

Cette création lumière d’ailleurs nécessité une adaptation des acrobates pour réaliser les prouesses dans une ambiance visuelle inhabituelle et omniprésente.

 Après deux ans de tournée les spectacles du G.A.T. sont enfin joués au Maroc pour conclure leurs vies. Ce n’est pas que symbolique, c’est aussi que les conditions de représentations sont plus complexes au Maroc et réclament beaucoup d’adaptations, cela n’est possible que lorsque la pièce est parfaitement maîtrisée par chacun.

mise en scène et chorégraphie : Raphaëlle Boitel
danseurs hip-hop B Boy : Hamidou Aboubakar Sidiki, Mohcine Allouch
porteur : Hammad Benjkiri
danseuse hip-hop B Girl : Zhor El Amine Demnati
acrobates : Achraf El Kati, Hamza Naceri, Kwatar Niha
acrobate, équilibriste chanteuse : Bouchra El Kayouri
acrobate, porteur : Youssef El Machkouri
danseur hip-hop : Mohammed Guechri 

danseur hip-hop & popping : Youssef Salihi
acrobate, équilibriste : Hassan Taher
acrobate, jongleur : Mohammed Takel
collaboration artistique, lumière, scénographie : Tristan Baudoin 

assistante mise en scène : Sanae El Kamouni
création musicale : Arthur Bison
coach chorégraphique training : Mohamed Rarhib, Vassiliki Rossillion 

complices à la technique en création : Thomas Delot, Nicolas Lourdelle, Anthony Nicolas
renfort plateau et son : Joël Abriac
direction technique : Laure Andurand
photos : Richard Haughton