Coup de cœur Septembre 2024

Bahoz Temaux (musicien de “78 TOURS”, ex-voltigeur pour la Cie XY, etc) propose un solo d’acrobatie et de musique “NEWROZ”, interrogeant la différence et le vivre ensemble, il cherche à mettre au plateau l’altérité et analyser les mécanismes de discrimination en proposant une mise à nu, une introspection, dans ses origines kurdes.

LAT/TUDE 50

La Meute est un collectif de cirque contemporain formé initialement autour de six acrobates (dont Mathieu Lagaillarde, Thibaut Brignier, Bahoz Temaux qui co-dirigent aujourd’hui la Cie) s’attachant à travailler sur la question du vivre ensemble au travers de l’acrobatie (portés acrobatiques, balançoire russe, bascule et musique live), à détourner la performance acrobatique, à démystifier le risque par le jeu, mettre en avant les enjeux du travail en collectif. L’axe principal de recherche de la compagnie est de considérer le cirque pour ce qu’il est. Une réelle prise de risque mesurée.

Emmitouflé de gris et de noir, un homme s’avance doucement. Lentement, il glisse comme une ombre. Sortie des profondeurs, sa voix ondule.
L’homme encapuchonné prend alors place derrière une basse électrique comme s’il s’agissait d’un violoncelle.

« Bonjour », dit timidement Bahoz Temaux, puisque c’est ainsi qu’il se nomme; Il fait récit de tranches de vie personnelles et livre ses réflexions sur son identité.

« Je suis français, même si ça ne se voit pas forcément. » Au travers d’anecdotes depuis son enfance à sa vie d’adulte et de papa, Bahoz Temaux expose son expérience et son ressenti lorsqu’il a été victime de racisme ordinaire. Le fil de son récit est agrémenté de musique, d’acrobaties et de l’ascension d’un perchoir télescopique.

« J’ai un passé de gymnaste, confie Bahoz Temaux, 34 ans. J’ai ensuite été circassien et dans certains spectacles, je suis uniquement musicien. » Mais il aime mêler les trois. Comme avec ce spectacle intitulé « Newroz » porté par la compagnie La Meute.

« J’ai déménagé en Bretagne avec ma compagne et mon fils, dans le Morbihan. Les premières années ont été très dures. Le racisme ordinaire rend parano. Dans les regards que je croisais, je me sentais jugé. Je me faisais très souvent contrôler par les autorités. On me faisait des réflexions racistes insidieuses. Après coup, on a la répartie pour se défendre mais pas sur le moment. Voilà pourquoi j’ai voulu créer ce spectacle. Pour enfin répondre. Quand je joue de la musique, je suis beaucoup plus écouté. Des fois, je sens que je touche les gens et qu’ils se sentent agressés avec le simple récit de ma vie. » Le spectacle repose sur une langue inventée. Je me suis inspiré de la musique kurde, d’Inde, du Pakistan et de l’Azerbaïdjan. Je n’arrivais à écrire ni en kurde ni en français ni en anglais. J’ai pris des sonorités de par-ci et de par-là. Je me suis dit que de toute façon, la plupart du temps on ne comprend pas les paroles des chansons qu’on écoute. »

Tout au long du spectacle, le public se demande si les histoires narrées sont vraies.

« Oui elles le sont. Je ne suis pas un grand bavard mais j’avais beaucoup de choses à dire. Et je pense que ce spectacle arrive au bon moment par rapport à l’actualité. Il y a toujours eu des violences policières et pourtant les gens l’ignoraient. Je voulais aussi parler des préjugés comme ceux au sujet du style vestimentaire. Ce n’est pas parce que je porte un sweat à capuche que je deale du shit. Il arrive souvent qu’en me voyant, les gens longent les murs et changent de trottoir. »